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Une âme effarouchée
12 janvier 2018

Progrès

On admire souvent les artisans qui peaufinent leurs productions patiemment.
Dans notre vie de tous les jours, la perfection semble pourtant de faire les choses rapidement : il faut aller vite, avant toute autre considération.
Il y a de cela encore peu de temps, nous utilisions avant tout nos propres mains et notre force physique pour effectuer nos travaux d'entretien.
Puis ont surgit des tire-bouchon à pression, des applications automatisées et autres "aides à vivre" ; nous voilà contraint d'acheter des appareils de musculation pour ne pas voir nos corps flétrir à coups d'inactivité. 
Or, au plus l'homme délègue les tâches qu'il juge inintéressantes, au moins il semble heureux de son sort général.
Essayer de contrôler les différents aspects de notre vie, plutôt que les déléguer à un tiers ou une intelligence artificielle, donne le sentiment de pouvoir agir pour l'améliorer plutôt que d'attendre un secours extérieur qui ne vient que rarement.
Notre corps a besoin d'agir, notre esprit de réfléchir et notre libre arbitre veut pouvoir choisir (ou, au moins, en avoir l'impression).
Le progrès, est-ce de dépenser quelques centaines d'euros pour acquérir un robot aspirateur qui fera le ménage à ma place?
Puis de dépenser une somme à peu près équivalente pour m'abonner à un club de fitness où mes exercices physiques compenseront l'activité que je ne déploierais plus avec mon stupide balai 1.0 digne du poussiéreux XXème siècle?
Certes, la vive intelligence artificielle est une avancée par rapport aux coachs sportifs, cons comme des poteaux de volley-ball.
Cependant, cette évolution pose le problème de la capacité d'autonomie des êtres humains.
Les gens ne semblent déjà plus capable de manger, de se déplacer, d'avoir une opinion sans intelligence artificielle qui le soutient comme une nounou multi-compétente.
Ira t'on jusqu'à demander à un algorithme combien on doit utiliser de feuilles de papier toilettes en fonction de l'analyse qu'il fera de nos selles?
Les dévots du progrès se dépêchent d'acquérir des robots avec qui converser, des robots sans bouton d'arrêt, toujours à l'affût d'un mot à enregistrer et d'une pulsion à satisfaire.
Mais plus l'envie est satisfaite rapidement, plus la frustration entre en scène au moindre petit accroc ou délai.
Imaginons un homme faisant connaissance d'une femme autour d'un café ; a t'il réellement envie de la retrouver une minute plus tard jambes écartées sur son lit?
Le désir est aussi une construction, il réclame du temps pour exister, pour se définir et se parfaire.
Si l'on n'y prend garde, la conscience n'aura bientôt plus de rôle à jouer dans notre vie puisque tout s'achètera et se vendra par pure impulsivité.
Plus personne ne tiendra le volant.
*
"Un monde dans lequel nous serions condamnés à faire la course avec les machines pour produire des quantités croissantes de biens de consommation en vaut-il la peine ?
Si nous ne pouvons plus espérer contrôler ce monde, quelle est la valeur de l’être humain ?"
Robert Skidelsky
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