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Une âme effarouchée
14 septembre 2018

Un miel amer

Il y avait un grand miroir dans le hall d'entrée.
En apercevant ma silouhette, je me suis figé un instant, surpris de découvrir fortuitement une preuve de ma réalité.
Il faut dire que je n'étais plus très sûr d'exister ces temps-ci, autrui ayant souvent tendance à me confondre avec un réverbère ou une poubelle de recyclage.
Donc, j'étais bel et bien toujours là, mon corps servant de point d'ancrage à mon âme vaporeuse.
Je pensais à ma tante à qui j'avais promis, quatre mois auparavant, de la rappeler.
"Je peux compter sur toi?" m'avait-elle demandé, habituée à ce que je ne décroche jamais mon téléphone.
"Oui oui" avais-je répondu, tout en pensant "non non".
Je ne sais même pas si je serais triste lorsque ma tante mourra; entre l'insensibilité et l'hypersensibilité, j'ai souvent l'impression qu'il n'existe aucune étape dans ma psyché.
On/off, la nuance est un concept qui m'est étranger.
Il se peut ainsi que son décès me soulage, une personne en moins au courant de mon existence, champagne...
Comme si je me trouvais sur une montgolfière et que je lâchais un sac de lest, planant de plus en plus haut, de plus en plus seul.
A. me disait parfois que j'aimais le malheur, elle n'avait pas tort, je le butine dès que j'en renifle l'arôme et j'en fais mon miel.
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