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Une âme effarouchée
30 mars 2019

Artisons

Je mange du fromage aux artisons, c'est à dire du fromage aux acariens, je lui trouve un goût fameux, moi qui n'ait pourtant plus de goût à rien.
Dehors, le laurier-tin est en fleur et embaume le jardin de son parfum mielleux, les abeilles butinent, les oiseaux gazouillent, les animaux font rarement grève.
L'équilibre, c'est le mouvement, or je me sclérose à force d'afficher ma rigide posture, de subir toujours l'influence de ma triste figure.
Je veux marcher, je veux humer, je veux aimer.
J'aimerais pouvoir, un jour, te montrer mon visage heureux et serein, tu verrais comme je suis sympathique lorsque je me sens bien.
Je pense à mon passé, je me demande comment le penser, sous quel angle l'analyser pour qu'il me donne la force de continuer encore un peu cette interminable comédie dramatique.
Ce drame plus très comique.
Je mange encore du fromage aux artisons, je ne sais pas si les acariens périssent dans ma bouche ou s'ils survivront jusqu'à mon estomac.
Manger, se reproduire, mourir, tels sont les actes majeurs des êtres humains durant leur frêle existence.
J'en aurais accompli les deux tiers, sans guère de mérite, sans beaucoup d'envie, pas d'élan, pas d'allant.
Je m'en fous, de tout, de tous.
Mon attention flotte et va se poser sur le tapis de muscaris qui fleurissent chaque printemps, trente années après le décès de la personne les ayant semés.
Je sens confusément qu'il y a une leçon à tirer de ce constat, mais rien ne me vient.
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