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Une âme effarouchée
1 juillet 2019

Chiens

Elle a cinq minutes à tuer, elle s'appuie contre un banc faisant face à l'entrée du centre commercial.
Un ado en scooter deliveroo la klaxonne bruyamment en passant près d'elle.
Ce pantalon lui moule décidément trop le cul, elle ne l'aime mais elle se refuse à passer pour une mamy en portant des coupes larges.
Habituellement une vieille gitane fait la manche, assise à même le sol, à l'entrée de la galerie commerciale.
Elle semble posée là par sa "famille" le matin, pour être ramenée le soir venu avec les quelques piécettes qu'elle a pu glanées en une journée.
Dès que les portes automatiques du centre s'ouvrent, comme réagissant au signal sonore, la vieille entonne son refrain d'une voix fatiguée "bonchour, mechieurs dames, ch'il vous plaît" (sans grand succès).
Aujourd'hui, la vieille n'est pas présente; à son poste habituel se trouve attaché un chien, qui tire la langue au soleil.
En l'espace de cinq minutes, plusieurs passants se sont arrêtés pour caresser le chien, pour lui parler, et même lui offrir de l'eau fraîche dans le creux de leurs mains.
Que peut-on conclure de cette différence de traitement ?
Les gens sont-ils des chiens plutôt que des humains ?
Elle se sent émue, peut-être parce qu'elle sent confusément qu'elle aussi préfère la présence canine à celle de la gitane (moins d'odeurs, moins de culpabilité).
Elle se redresse, met en mouvement ses fesses moulées par le tissu du pantalon et quitte le quartier.


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