Doc

J'lui dis, j'lui dis au médecin qu'il faut qu'il me signe un arrêt de travail au long cours.

C'est mieux comme ça pour moi et pour la société, vu que le travail me rend irascible et malheureux comme les pierres.

Quand on est aussi triste, on est désagréable avec soi, avec le monde, avec tout le monde.

Le travail me fait boire, me pousse vers les drogues, le travail m'angoisse, il m'ennuie et m'horripile.

Je ne supporte plus l'air raréfié d'open spaces grands comme des bentos, les toilettes partagées avec des collègues crados, le stress, la surveillance, les ragots...

Vous voyez docteur, mieux vaut me retirer du marché du travail, comme un marchand retire de son étal un poisson qui sent trop la mort.

Veuillez adouber, par votre expertise médicale, le désir ardent que je cultive de ne plus rien foutre dans ma vie.

Laissez-moi vivre aux crochets des autres et permettez que je tète les douces mamelles de notre chère République solidaire et inclusive.