Une écoute flottante

Elle me choppe aux toilettes, du moins à la sortie des toilettes (dissipons derechef les éventuels malentendus obscènes).

La portugaise, tel est son surnom, guère imaginatif, car elle n'est certes pas lettone.

Mais létale est sa conversation, arme de destruction massive de tympan, moulin à paroles, brassant pas mal de vents et broyant mon temps.

Me voilà donc dos au mur, au sens propre, et la portugaise me balance sa première salve de phrases à la gueule.

Le bombardement est intense et ennuyeux en même temps.

Je me sens comme un ourson qui s'est pris la papatte dans une mâchoire d'acier.

Piégé.

Au bout d'un moment, je n'écoute plus du tout, c'est humain, me contentant d'un hm hm à intervalle régulier.

Il me semble que les psychanalystes appellent ça l'écoute flottante.

Cela ne semble pas particulièrement gêner la portugaise puisqu'elle a envie de parler bien davantage que d'être écoutée.