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Une âme effarouchée
18 novembre 2020

Léon Crozatier

Léon Crozatier sort de sa maison de plain pied, le ciel est largement bleu, seulement blanchi par de minces bandes de nuages.
À cette heure matinale, peu de voitures roulent sur la départementale qui longe le domaine de Léon Crozatier.
Domaine est un terme exagéré, il s'agit plutôt d'une propriété, d'un petit terrain arboré qui entoure sa maison de plain pied.
Léon ne possède pas d'étages, il n'a jamais ressenti le besoin de surplomber la terre et les escaliers le font suer.
Il vient de boire sa ricorée, deux cuillères pour un bol d'eau chaude, avec une pointe de lait (une "louchette" de lait disait sa mère) accompagnée comme chaque matin de sa demie baguette beurrée. 
Devant la porte d'entrée de sa maison de plain pied, Léon Crozatier observe le ciel lumineux qui s'étend au-dessus de la plaine du Forez.
L'air, immobile, semble attendre que quelque chose se passe pour se décider à circuler. 
Mains dans les poches, lèvres serrées sur une cigarette roulée, Léon se demande ce qu'il va faire de sa journée.
Sa femme est décédée, sa fille s'est mariée et a été emmenée au loin à l'étranger, son chien est bien trop servile pour continuer à l'intéresser. 
Léon Crozatier tire une longue bouffée puis écrase sa cigarette roulée près du tronc du tilleul argenté. Il voit soudain un avion de chasse de l'armée fendre le ciel, il l'entend exploser les décibels. 
Il aimerait que l'avion lâche une bombe et fasse exploser sa maison de plain pied, son bol de ricorée, sa vie dégradée. 
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