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Une âme effarouchée
13 mai 2022

En vigilance !

Vous connaissez sûrement le principe des "voisins vigilants" ?
Il suffit de parcourir les bourgs et petites villes de notre beau pays pour voir fleurir, souvent à l'entrée des communes aisées, des panneaux signalétiques visant à dissuader les voleurs et autres délinquants de perpétrer leurs méfaits dans le voisinage.

visuel_voisins_vigilantsHD

Cet oeil très éveillé et méfiant me met toujours mal à l'aise quand il vient croiser ma route. Il me semble que les autochtones m'avertissent que je ne suis pas ici chez moi, que je dois faire très attention à ne pas les froisser, à ne rien casser.
On me tient à l'oeil!
La légèreté et l'insouciance ne sont pas de mise dans ces territoires. Tout est sous surveillance, aucun de mes actes ne peut échapper à la vigilance locale.
Derrière chaque rideau : un voisin suspicieux.
Derrière chaque trou dans la haie de cyprès : l'oeil d'une voisine attentive.
Moi qui ait déjà tendance à me sentir, par essence, comme un intrus dans l'existence, ce genre d'environnement ne m'apaise guère.
-
Tout ça pour vous dire que, en pénétrant ce soir là dans le vieil immeuble où logeait Lydia, il me semblait avoir vu sur la porte d'entrée un sticker des "voisins vigilants".
Sur le coup, j'en fus surpris car Lydia m'était apparue, dès que nous fîmes connaissance, comme une jeune femme gaie, vive, alerte et drôle.
Un peu hippie même avec ses vieilles baskets trouées, son pantalon d'été bouffant, son chemisier à fleur dévoilant de jolis bras bronzés recouverts de tatouages.
Elle m'avait invité chez elle pour "clôturer la soirée", selon sa propre expression.
J'avais trouvé d'emblée Lydia très attirante, elle rayonnait dans cette petite fête de quartier. Menue, vive, enjouée, comme déjà dit, tatouée, lunettée, avec des gestes "à la garçonne" sans que sa féminité n'en soit altérée.
Nous avons beaucoup ri tous les deux ce soir là, dansé et beaucoup bu également : bière puis Tequila, puis bière et Tequila se sont mélangés dans nos verres.
Lydia me ravissait par son sourire et son énergie, elle avait la pêche, comme on dit, et moi je la voulais pour fruit, de la peau jusqu'au noyau.
Il devait être près de deux heures du matin lorsque nous sommes allés chez elle.
Ce sticker sur la porte d'entrée, j'avoue qu'à cet instant là je n'avais pas remarqué qu'il différait quelque peu de celui que je voyais habituellement.
Mon inconscient a peut-être noté la différence, mais, cette fameuse nuit du vendredi au samedi, marchant sur les talons de Lydia, mes yeux et mon attention se dirigeaient avant tout sur les courbes et les gestes de la sémillante jeune femme.
Je me sentais si heureux d'être en vie !
Et les étoiles semblaient sourire d'aise, elles aussi, là haut dans le noir ciel d'été.
Passé le seuil, Lydia me demanda gentiment de bien vouloir retirer mes chaussures, elle fit de même et je remarquai alors ses chaussettes épaisses.
Je trouvai ce détail plutôt mignon, car il contrastait avec les traits délicats de son visage. 
Arrivés au salon, assez éméché et ravi de me trouver dans le cocon de la belle, je tentai de l'embrasser doucement sur les lèvres. Elle me repoussa des deux mains assez sèchement. Puis me demanda de m'asseoir dans un fauteuil tandis qu'elle prenait place face à moi dans un autre.
Elle semblait triste et avoua que je l'avais déçue en agissant ainsi. Je fus dépité, lui demandai aussitôt comment je pouvais me rattraper de ma maladresse.
"De ta violence" rectifia t'elle, "de ta violence patriarcale".
Je baissai la tête, penaud.
Après un instant de silence, Lydia quitta la pièce en me demandant de l'attendre 5mn.
Je pensai qu'elle se rendait aux toilettes, je me maudissais d'avoir été trop impatient.
J'observais les murs de la pièce en patientant : affiches "anti linky", posters de concerts locaux, tracts annonçant des réunions féminines "non mixtes"...
Lorsqu'elle revint, Lydia tenait dans la main un petit objet en plastique transparent. Elle s'assit en tailleur sur son fauteuil et me regarda dans les yeux, penchant légèrement la tête de côté.
-  dis moi, Damien, tu veux vraiment me faire plaisir et me mettre à l'aise?
-  bien sûr, Lydia, oui! Qu'est ce que je peux faire ?
- tu sais ce que c'est?
Lydia ouvrit la main et tendit dans ma direction l'objet en plastique, un petit cadenas était également niché dans sa paume.
- non... c'est quoi ?
-  mon instrument de tranquillité... Tu sais, nous les jeunes femmes, on est si souvent victimes d'hommes violents et...
- oui c'est honteux, je suis d'accord!
On se regardait en souriant, j'adorais voir les petites mèches frisottées échappées de son chignon.
- il fait chaud maintenant !
Lydia sourit, déplia ses jambes puis retira ses chaussettes lentement. Je fus subjugué par sa lascive sensualité.
- tu me plais Damien, mais on vient de se rencontrer ... alors pour cette première nuit ensemble, j'aimerais que tu mettes cette cage sur ton sexe...
- une cage de chasteté ?! Ça existe vraiment ?
- oui, regarde (elle tapota avec l'index un orifice dans le plastique) tu peux même faire pipi avec. Tu l'installes et clac! tu verrouilles comme ça avec le cadenas.
- je vois...
J'étais ivre, ivre d'alcool, ivre de désir pour cette femme qui m'avait invité chez elle pour partager sa nuit estivale. Je ne pouvais discerner qu'une seule nécessité dans le brouillard de mon esprit : lui faire plaisir.
- alors tu veux bien?
- oui bien sûr, si ça te rassure
- tu es un ange !
J'eus le temps de penser que ça tombait bien puisque les anges n'avaient pas de sexe avant que Lydia ne se lève pour me faire un grand baiser juste au coin des lèvres.
Et là, croyez moi, je ne pensai plus rien, j'étais aux anges, tout là haut, à l'étage ultime.
Je demandai à ma déesse le chemin des toilettes tandis qu'elle me tendait la cage.
Seul le cadenas pesait un peu, le reste de l'appareil était très léger. Une fois assis sur le rebord de la baignoire, slip et pantalon baissés, je constatai que la cage était vraiment petite et me demandai comment mon sexe allait pouvoir y rentrer. J'y parvins, non sans mal, puis disposai le cercle de fermeture autour de mes testicules. Je scellai les deux parties du dispositif avec le petit cadenas dont je fourrai la clef dans ma poche.
Finalement, la cage me parut plutôt confortable tandis que je me rhabillai. Juste avant de revenir auprès de la douce Lydia, je remarquai (enfin!) sur la porte de la salle de bains l'affiche reproduisant en grand le dessin du sticker de la porte d'entrée.

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Je ris, un peu d'embarras, un peu d'émotion.
J'eus hâte de retrouver Lydia et de la serrer contre moi.
Qu'importait le sexe, tant que je possédais l'ivresse du désir et de la tendresse ?
Ce soir là, ma reine serait protégée de mes pulsions masculines et de mes désirs dégoûtants.
Lydia s'était changée en mon absence.
Elle portait à présent une chemisette de nuit en coton, beaucoup plus mignonne que sexy, avec des petits lapins dessinés dessus. Malgré tout, je fus ébloui par sa beauté et ému de la confiance qu'elle me témoignait ainsi.
- ça y est?
- oui
- je t'adore !
Elle vint se coller à moi et embrasser ma joue, ses cheveux frôlant mon nez avaient le parfum de la fleur d'aubépine.
- où as tu mis la clef?
- dans ma poche
- tu veux bien me la donner? C'est plus sûr
Et c'est ainsi que je tendis à Lydia la clef de ma cage.
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