Ce qui est important

Ce qui est apparemment important, c'est d'être au service des autres, assis sur son cul face à un écran et de pianoter sur un clavier afin d'enrichir une base de données qui nous définit, nous classe, permettant, in fine, de déterminer ce qu'il conviendra de faire de nous. Il faut être occupé par le nécessaire et l'imposé, le codifié, fuir les plages de temps libre où l'esprit peut se dorer au soleil avec, en fond sonore, le doux roulis des vagues, l'océan de la contingence.

Non, insère toi, occupe toi.

Optimise.

Passer des journées, des années, une vie à interroger des gens malades, voilà ce qui me semble insensé.

C'est nécessaire, louable, oui, mais inimaginable aux yeux de mon cerveau quelque peu malade.

Ma vie est insignifiante, soit, mais elle n'est pas méprisable. Comment aurais-je pu me sentir plus humain lorsque, posé sur un siège comme une enclume, je gavais un ordinateur de "datas", tout en respectant les règles d'obscurs décrets datant des années 1950? Mes journées étaient remplies, oui docteure, remplie jusqu'à la gueule mais avec quoi?

Plein de rien, angoissé partout.

Ma vie est minuscule, elle n'intéresse qu'à peine une poignée de gens, même moi parfois elle ne me dit pas grand chose. Mais dans cet espace insignifiant, un peu sur le côté, vers la gauche ou en haut, on trouve parfois du sublime, on y déniche du beau.