Racines carrées

Quand on remarque l'extrême ramification des racines d'une plante dépotée, il est difficile de penser que la sphère végétale tient moins à la vie que la race humaine.

Elle s'y cramponne même drôlement.

En grandissant, une plante plonge ses racines au fond de la terre, mais aussi plus horizontalement, afin de se déclarer propriétaire du terrain recouvert.

Une plante cherche nécessairement à devenir la plus grande possible, suivant les conditions où elle se trouve.

La propriété relève toujours d'un vol initial, d'une accaparation individuelle, tramise en héritage puis fixée par la loi.

Certains affirmeront de bonne foi qu'ils ont acheté un terrain avec de l'argent durement gagné et ainsi qu'ils n'ont commis aucun vol.

Commis aucun peut-être, mais ils en ont, inversement, subi un grand : le vol de la liberté en échange d'un salaire.

On voudrait que la loi puisse être immuable et gardienne de l'état actuel des choses, alors qu'elle ne cesse d'être modifiée ou poussée vers la sortie par des lois plus jeunes, attractives, reproductrices de normes sociales actualisées.

De sorte que la loi humaine, conçue pour être le socle de la vie en collectivité, est fluctuante dans le lieu et dans le temps.

Sur quoi peut-elle faire reposer sa légitimité?