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Une âme effarouchée
22 juillet 2017

Derrière le voile

Cette nuit, je rêve que je suis au travail, par une chaude journée d'été.
La soif ravine ma gorge mais ma bouteille d'eau est vide.
Il faut donc que je sorte du bureau, descende un étage puis utilise la fontaine à eau du piteux cagibi pompeusement nommé "cafétéria", curieusement situé juste après la porte d'entrée de l'immeuble : chaque personne arrivant ou sortant surprend ainsi les " glandeurs " en pause.
D'ailleurs, peut-être cette gêne a t'elle été planifiée par la direction afin d'écourter les temps de pause de ses ouailles?
Bref, il me faut d'abord m'extirper de ma "marguerite", terme bucolique signifiant simplement que quatre bureaux sont entassés les uns en face des autres, uniquement séparés par les écrans des ordinateurs.
Ce qui fait pas mal d'yeux susceptibles de voir ce qu'on ne veut pas montrer.
Bon, c'est pas le premier pas le plus compliqué, j'aime bien ma collègue d'en face, ML, grosse bosseuse et qui m'a toujours épaté lorsqu'elle parvient à écrire un texte tout en répondant au téléphone sur un tout autre sujet.
OK, me voilà debout et trois mètres plus loin, bouteille à la main.
Localisation périlleuse car je me trouve à équidistance de trois "marguerites", ce qui revient à 3×4×2= 24 yeux en alerte permanente d'une croustillerie à se mettre dans les mirettes afin d'oublier l'océan d'ennui que représente leur travail.
Merde, S. m'a vu, il arbore son fameux sourire "réunionnais détendu du gland et fier de l'être".
Cool, tranquille comme Mimille, surtout pour la productivité horaire du coco.
Qu'importe, puisque j'ai été capté également par les grosses antennes de A., dont la fréquence (trop fréquente) des blagues n'arrive pas à masquer leur rance nature.
Le genre de blagues qu'on lisait dans les malabar autrefois, pour sûr c'était drôle à l'époque... mais trois décennies plus tard, moyennement.
Mais voilà que la duègne, A., me tient la porte en arborant son coutumier faciès mi sourire-contraint-par-une-arme-sur-la-tempe mi dégoût vomitif.
Faisant fi de tous, je me propulse hors de l'open space, que je trouve effectivement ouvert mais guère spacieux.
Seul le chef possède un grand bureau privatif, lui permettant de surveiller son cheptel dans de bonnes conditions.
Ce brave homme a des poils qui sortent de son nez, mais guère d'intelligence de son cerveau.
Fort avec les faibles et faible avec les forts, il possède les caractéristiques typiques du Supérieur.
Amen.
Je descends l'escalier, tends l'oreille et n'entends rien, alors à pas menus, telle l'antilope aux aguets amenant ses petits au précieux point d'eau de la savane, je me poste devant la fontaine à eau et remplis ma gourde.
Hélas, une troupe de hyènes, je veux dire de collègues rentrent de la cantine à l'instant.
7-8 bonjour en rafale, je n'ai jamais pratiqué le gang bang dans ma vie mais ça ne doit pas être bien pire.
La meute a laissé la porte d'entrée ouverte et celle-ci me crie à tue tête : "je fais aussi sortie, viens et fuis cet endroit".
Alors ... alors mon réveil sonne, je me lève, je prépare mon café.
Tout semble recommencer normalement, pourtant ce matin, j'ai du mal à respecter ma routine habituelle, je suis anxieux d'avoir peut-être vu un coin du voile se soulever mais sans en comprendre la signification.
Si la nuit je dors et que le jour je suis un robot, quand suis-je réellement "moi" et conscient ?
Qui suis-je en fait?
La soif de mon rêve a disparu avec celui-ci, ne restent plus dans la piece sombre que moi et une gluante sensation d'angoisse.
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