Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Une âme effarouchée
26 juillet 2017

Mets de l'huile

Alors il m'a dit :
"Elle était... Elle était la vaseline qui permettait à mon âme de pénétrer le monde, sans effort ni friction.
Je me sentais alors connecté à tous, animaux ou humains, et tous n'étaient finalement qu'une version de celui que j'aurais pu être.
J'avais bien conscience d'arborer, dans la rue ou dans le bus, un sourire béat et, disons le franchement, une bonne tête de niais.
Mais quelle importance ?
Elle était l'explication et elle était la motivation."
Hm, marmonnais-je sans conviction, mais il reprit rapidement :
"Tu sais, je suis le contraire du saule, je casse quand on me plie, parfois je me brise tout seul aussi.
Remonter en selle me semble être uniquement une promesse de chute, de souffrances inédites, or j'ai actuellement une grande horreur de la douleur.
Je préfère ne rien sentir, ne rien vivre et végéter jusqu'à en oublier que je puisse être moteur d'actions.
Alors, je reste à terre au milieu des cloportes et de la poussière, comme si j'étais chez moi,  comme si elle ne manquait pas.
Le monde est devenu, tout au plus, un décor de carton-pâte, un sitcom démodé et boursouflé où je ne suis qu'un simple figurant dans l'existence d'autrui.
Elle était ... l'huile essentielle qui embaumait ma vie.
L'orthoptiste qui redressait ma vision du monde, finissant par rendre celui-ci sensuel."
Il m'a dit tout ceci, du moins ... rétrospectivement, j'essaye de combler les blancs existant dans sa logorrhée, ou plutôt dans ma mémoire.
Il faut dire qu'à ce moment là, mon attention était davantage captivée par une abeille qui, à un demi-mètre de moi, butinait une fleur (un coreopsis) malgré le vent féroce, trônant telle une fléchette au coeur de la cible.
Publicité
Publicité
Commentaires
Une âme effarouchée
Publicité
Archives
Publicité