Le lent demain

Déprime du lendemain, fatigue de vivre qui revient.

Il le savait bien hier soir quand il s'était défoncé que la journée suivante serait trop longue, lente et éprouvante.

C'était loin d'être la première fois qu'il consommait cette drogue, sa préférée, sa dulcinée, son amour qui le faisait si tendrement planer. 

Mais il avait mis sa connaissance, issu de l'expérience, sous l'éteignoir de son envie pressante.

Il faut dire qu'il n'avait rien pris depuis plusieurs jours, alors forcément sa vie était redevenue morne, plate, grise. 

Sans surprise.

Une vie mortelle, sans étincelle. 

Une vulgaire mortadelle tranchée en jours gris, en nuits noirs.

Idées sombres, espoirs absents. 

Il fallait qu'il agisse, qu'il retrouve juste assez de plaisir pour ne plus avoir envie d'en finir. 

Il fallait qu'il se perpétue, c'était ça le plus important, continuer... il lui fallait durer, encore un peu, après... après, après... peut-être que tout s'arrangerait? 

Juste une petite dose, juste une respiration illicite hors du masque plaqué sur son visage et sa vie; un petit cadeau qu'il se donnerait et qui lui offrirait un répit à l'abri de ses ennuis.

Le répit contre le pire, le rempart au désespoir, sa soirée avait été gagnée ainsi. 

Il était encore là. 

Mais tout était à recommencer aujourd'hui.