700ème

700 comme ... rien de particulier en fait, c'est un chiffre qui n'évoque rien.

700 messages, c'est du vent,  700 bouteilles de solitude balancées dans un océan de datas, perdues dans les flots de données, dans les élucubrations de milliards d'individus.

700 fois 0, la tête à toto, aucune valeur ajoutée apportée au monde, si ce n'est celle de me permettre de persister à exister, mais est-ce vraiment une contribution ?

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Je profite de mon heure de sortie autorisée pour flâner sur le large boulevard, le soleil automnal éclaire joliment les feuilles roussies des platanes centenaires.

La plupart des commerces sont fermés, ne restent autorisés à ouvrir que ceux proposant de la nourriture, sous quelque forme que ce soit, essentielle et roborative ou superfétatoire et festive.

Il y a une assez longue file de clients devant la boutique d'un chocolatier/confiseur qui semble apparemment très appréciée par les gens du quartier.

Devant la vitrine, se trouve une petite pancarte indiquant la liste des spécialités du commerçant dans laquelle figurent notamment les "Mendiants".

Face au magasin, assis à même le trottoir, se trouve un clochard faisant silencieusement la manche.

Quelque chose cloche dans la ville, et ce n'est pas l'église, c'est la société qui boîte, et moi je marche, je marche pour éviter de pencher et, pour ne pas tomber, je ne m'arrête pas.

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La boîte mail est vide, désespérément vide.

Je fouille le dossier "courrier indésirable", avide d'un contact numérique, même commercial, même arnaqueur.

Les courriels indésirés me proposent d'investir sur des bitcoins, ou sur une bite dure via un quelconque ersatz de viagra.

N'est-ce pas tout ce dont je puisse rêver : posséder une monnaie sans valeur, ériger mon sexe sans désir?

Bite conne, bite dure... voilà à quoi tu me sers internet, haute révolution du monde, que ferais-je sans toi, toile de fond de mon existence?

Sans toi, il me serait sûrement impossible de ressentir autant la frustration de tout ce qui me manque, de tout ce que je ne vis pas.

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Lu sur les murs de toilettes publiques : "vous êtes en État d'attestation".

La porte est lourde et fermée à double tour.