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Une âme effarouchée
1 avril 2022

Déraison de continuer

Il me faut noter sur ce papier chaque fait, chaque donnée, le moindre événement peut avoir son importance.
Qui fait quoi? Où et comment ?
Et moi qui suis-je là dedans ?
Je dois tout consigner par écrit, ne surtout pas faire confiance à ma frêle mémoire au risque de voir la vie s'évacuer hors de moi plus vite que l'eau ne s'enfuit dans le tuyau du lavabo.
Conserver ce carnet à portée de main, le renseigner jour après jour, heure après heure.
Ne pas laisser le néant grignoter le passé, ni permettre à ce monstre (jamais rassasié!) de venir dévorer mon présent.
Peur de devenir fou, d'errer la nuit dans les rues de la ville à la recherche de la raison perdue.
*
Somnolence, réveil vaseux.
Somnolence, rêve hideux.
Dans une pièce éclairée par la lumière de nombreuses bougies, une demie douzaine de gens des deux sexes, fort excités, s'embrassent, se caressent en se collant l'un contre l'autre.
Puis ils s'entredévorent à larges bouchées : de grandes dents effilées mordent la tendre peau offerte, arrachant des morceaux de viandes dans le cou du vis à vis tant désiré.
Os saillants, trous béants, corps sanglants.
Avec délectation, les hommes mâchent l'objet de leur désir.
Souriantes, les femmes mastiquent sensuellement la chair de leurs fantasmes.
Je t'en supplie, avale moi mon amour, fais disparaître mon moi dans ton estomac.
Dès demain, defèque moi, tire la chasse, oublie moi.
*
Le pont ferroviaire ronchonne en grinçant, tandis qu'un train gronde au-dessus de ma tête.
Adossé au mur humide, assis sur le bitume,
Écoute la pluie qui plic-ploc sans répit cette nuit.
Regarde les pages arrachées du carnet s'envoler avec le vent.
Déraison trouvée. 
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