Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Une âme effarouchée
26 mai 2022

Plus d'une Korda son arc pour le temps qui trépasse

Cherché fébrilement Sylvie P. sur le net ce matin.
Oui, encore, encore une fois et pourquoi?
Pour quelles raisons passer mon temps à fouiller ainsi le passé, surtout quand celui-ci a causé en moi tant de souffrance?
Sûrement parce que la souffrance, cet excès de mal être, était alors accompagné d'une surdose inverse de vie, de réel augmenté, d'irréel fantasmé.
La normalité est ennuyeuse et l'ennui trop normal pour ne pas nous accabler.
Une part de danger est nécessaire, il faut de la tension pour capter l'attention au monde.
La douceur, la tendresse, même l'amour, c'est beau, mais c'est par instant bien insuffisant, comme si l'existence manquait parfois d'un peu de vice.
Je n'ai pas trouvé ma Sylvie sur google, seulement une homonyme adepte de course de fond.
La mienne ne courait pas, non, elle se contentait de marcher dans les rues, errant dans les venelles de sa mélancolie.
Malgré tout, j'ai déniché un vieux blog (dont j'avais oublié l'existence), une succession de textes, d'images, de poésie et de profonde détresse; blog qui m'a rappelé à quel point Sylvie me paraissait proche à une certaine époque.
La lire aujourd'hui m'émeut encore fortement.
Elle était "folle", détraquée, et je me sens un peu nostalgique de cette folie, de cette inadéquation totale au monde.
Certes, la côtoyer a faillit me coûter la vie, mais Sylvie était ma sœur de souffrance, mon amie de douleur, comment ai-je pu la traiter ainsi?
J'aime lire ses textes, l'abandon anonyme que je pressens en elle tandis qu'elle pianotait ses phrases sur de multiples blogs.
Où peux tu bien être maintenant? Que fais tu de ta vie, de tes névroses, des obsessions qui t'assaillaient?
Le dernier post de ton blog remonte à 5 ans, c'est à dire un an après notre rupture.
Sylvie, tu me manques, Sylvie, le souvenir du désir infini que je ressentais pour toi me fait encore tressaillir par instant.
Je repense à notre unique après midi d'amour, Cours St Vincent.
Je repense à ton appel nocturne, fiévreux, aux pulsions qui te consumaient et qui me réchauffaient.
A notre séjour de vacances à Deauville, dans cet hôtel où tu n'avais pas oublié d'emmener le couteau en céramique qui te servait à matérialiser sur la peau de tes bras les douleurs qui lacéraient ton cerveau.
Au fond de moi, surnagent encore les journées, les semaines, les mois passés à te désirer, à rechercher ton regard et ta voix.
Sylvie, cet après midi, je vais encore partir à ta recherche, Pali Kao, Couronne, Jourdain, je vais arpenter les rues.
Je te retrouverai.
Et je, et je...
*
A l'écran, un joueur de tennis quelconque, un grand blond.
Un détail attire mon attention.
Est-ce ce t-shirt Adidas, noir et blanc à motif, qui semble habiller cette année un quart des participants au tournoi de Roland Garros?
Non, il y a autre chose.
Son nom (Korda), son visage et son physique élancé font remonter à ma mémoire des souvenirs de son père, également joueur de tennis professionnel : Petr Korda.
Il y a quelque chose de profondément déconcertant à observer les enfants qui empruntent le même chemin professionnel que leurs aînés, surtout lorsque la ressemblance physique est frappante.
Les gens vieillissent, d'autres naissent, la mort tombent sur nous, bref la roue tourne inlassablement en même temps que la Terre.
Et pourtant, pourtant, tout recommence presque à l'identique.
On passe notre temps à taper dans la balle, elle revient.
On court, à en perdre haleine, pour renvoyer quelque chose qui finira par nous retomber dessus; ou qui échoue dans un filet, termine dans la poubelle, ou au final dans un cercueil.
*
"Bonnes vacances" m'a dit Sabrina avec un sourire avant de partir pour la semaine.
J'eus beau répliquer que son absence ne constituait pas des vacances pour moi, au fond bien sûr que c'est le cas : je suis seul, complètement seul pour 7 jours au moins et je m'en délecte alors que je vais en souffrir tout autant.
Je ressens le besoin de nouveaux contacts humains, mais l'idée me révulse à la hauteur de l'envie qu'elle fait naître en moi.
Alors permettez moi d'être vulgaire, grossier même, car il me faut avouer que cette ambivalence qui me colle au cul comme une seconde peau, l'ambivalence, elle me casse les couilles, bien comme il faut.

IMG_20220526_121731

Publicité
Publicité
Commentaires
Une âme effarouchée
Publicité
Archives
Publicité