Gaël chez Armelle

C'est ce genre de mec qui croit que derrière chaque femme se cache une maman potentielle pour le dorloter, le réconforter.

Sans que cela ne l'empêche pour autant de matter mes seins, hein, comme ça l'air de rien, entre deux reniflements. Il a débarqué à l'improviste, un dimanche matin, et j'ai pas de soutien gorge sous mon t-shirt parce que j'aime pas en porter quand je traîne chez moi.

J'ai quand même le droit bordel!

Même en larmes, on dirait que les yeux des hommes sont guidés par leur queue, c'est consternant.

Le regard mouillé de gratitude, semblable à celui d'un chien quand son maître l'autorise à poser sa crotte, Gaël énonce ses bobos à l'âme d'une voix chevrottante. J'écoute d'une oreille, en me demandant quels restes du frigo pourraient composer mon brunch. Il doit y avoir des oeufs dont la DCR est un peu dépassée, est ce que je peux encore les manger sans risque ?

L'intrus conclut son blabla en affirmant, ses yeux (pour une fois) dans mes yeux : "Armelle, je sens que tu es quelqu'un à qui je peux faire confiance".

Il attend une réponse, comme un renvoi de ballon entre copains d'une cours de récré.

En retour, seuls le silence et le malaise planent dans mon salon. On n'entend que le rourou agaçant des pigeons en rut qui se courent après juste sous la fenêtre.

Je ne peux pas quand même pas t'avouer, Gaël, mon ami, que tu me déçois, que je te croyais bien plus perspicace... Pour quelle raison me ferais tu confiance ? Je ne suis pas ta mère, et avec ta tête de morveux, tu peux être sûr que je ne serai jamais ta meuf.

Je veux bien te filer un Kleenex mais après tu dégages de chez moi! Un dimanche tranquille, j'y ai pas droit ? Pitié, un jour de la semaine, un seul, sans un mec qui reluque mes tétons en me confondant avec une psy, sa soeur, la Ste Vierge ... Ou les trois à la fois.