Un peu fort de café

Les experts sont unanimes : "la fête est finie", et moi qui n'avais même pas remarqué qu'elle avait commencé... 

Partout, tout le temps, des gens ouvrent leur gueule pour ne rien dire, ou alors pour dire comme disent les autres, tels des perroquets d'avis définitifs, vomissant des échos d'expertise chipée à droite, chopée à gauche. 

Moi au milieu je sais bien que je suis pas mieux, je dis rien ou n'importe quoi, mais mes conneries, je les dis qu'à moi, j'ouvre pas ma bouche pour saturer encore davantage l'atmosphère en haine et en anxiété.

Je parle à ma tête, dans ma tronche, moi "hors de ma vue" en quelque sorte. 

Nerveusement, j'entends "il faut ouvrir le débat", et voilà la chair de poule qui colonise mes bras.

Si, occupé à autre chose, j'entends uniquement "le débat", je pense trépas des idées, volonté de s'imposer sous prétexte de discuter. 

Et même juste "il", ce "il" entendu du bout de l'oreille suffit à lui seul à dévider dans mon esprit le rouleau de bêtises et de mauvaise foi qui y est forcément accroché. 

Blablabla. 

Coupons le son, l'image suffit amplement pour percevoir la laideur et/ou la banalité des propos tenus. 

L'attitude corporelle, l'agressivité des traits du visage, sur l'écran tout est vulgaire et répugnant. 

Coupons l'image aussi tiens, larguons les amarres qui nous tiennent en voisins de cette société passionnée de répétition. 

Plus les années passent, moins j'ai d'avis sur tout : rien de moins que la totalité dont je me fous. 

L'unique question qui me turlupine est celle-ci : pourquoi le seul distributeur automatique de ma connaissance à proposer du café d'orge est-il situé aux alentours d'une aide de jeux pour enfant? 

Et pourquoi est-il constamment en panne, année après année, débitant 1€80 sur mon compte bancaire pour ne me délivrer en échange que la frustration de l'absence? Pourquoi personne ne répare cette maudite machine ou, plus simplement, n'y appose un écriteau "HS" ? 

Voilà, à défaut de découvrir la saveur du café d'orge, j'ai avalé un café ordinaire, un vrai, un qui pousse à chercher du coin de l'oeil et du lobe de l'oreille des raisons de s'énerver. 

Et ce n'est pas ce qui manque.