10 février 2023
Comment l'arrêter?
Je me rends souvent au square Péguy.
Là, il fait bon lire à l'ombre des arbres, particulièrement sous le grand céanothe, au bleu très intense lorsqu'il fait le cadeau de sa floraison.
Le square est calme, puis devient bruyant lorsque des enfants handicapés viennent y faire leur sortie accompagnée. Là, je ne peux plus lire et je me contente d'écouter le combat des chants entre le gang des oiseaux et le clan des enfants.
Je me mets à imaginer que je crie moi aussi, avec eux.
Que mon cri de vieil enfant gâté se mélange aux cris des jeunes handicapés.
Oui, j'ai parfois envie de hurler mon dégoût de la vie, comme si je le crachais, las de sentir dans ma bouche ce constant arôme de vomi.
Mais je ne crie jamais.
Par principe, par peur du jugement.
Sans voisin, je pousserais sûrement un cri qui durerait jours et nuits, gueulant mon mal être à la face de la lune, aux becs des pigeons, aux oreilles des platanes.
Mais si je ne crie jamais, c'est avant tout par peur de ne plus pouvoir cesser : comment arrêter un tel cri, une fois déclenché?
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