Roté par la vie

29 mai 2023

Encore rêvé du frère la nuit dernière.

Assis dans la cuisine.

La partie supérieure du corps affalée, bras allongés le long des oreilles, joue collée à la table.

Regard absent.

Tout est vide, pas que ses yeux.

Inerte, a-mort-phe.

Aucune réaction à mon arrivée.

Pas de bonjour, le frère a la gueule d'un adieu

qui n'en finit jamais.

"Dans la réalité", au sein du vrai monde éveillé, le frère a agité les pieds et les mains pour retourner en clinique (sa "préférée", il en a testé trois autres auparavant, soit à peu près toutes celles du secteur). L'établissement est plein car ce putain de pays, comme beaucoup dans le monde, regorge de dépressifs et d'anxieux chroniques. Alors il appelle plusieurs fois le psychiatre, qui finit par lui obtenir une place dans ce lieu de soin (ou simple salle d'attente du mieux être ?). Mais le jour J, le frère-girouette, tourneboulé par les vents contraires hurlant dans son crâne, a encore changé d'avis : il n'a plus voulu y aller (qu'il nous explique). Marre des séjours psy à répétition ! le septième séjour ?! Et pourquoi pas dix?! Cent ?! Rester enfermé tout le reste de sa vie aussi ?

Ou alors, il ne s'est pas rendu à la clinique car il était simplement beaucoup trop bourré pour conduire sa voiture.

Il ne sait plus vraiment, les versions varient en fonction des heures de la journée.

En tout cas on ne le comprend pas.

Comprend plus.

Fraction d'humain.

Zest-reste de ce qu'il fût.

Avalé par la bière.

Roté par la vie.