Usus et fructus

En ces temps difficiles,

Heureusement que tu es là

Heureusement que je t'ai, toi.

Posséder, conserver,

Heureusement, en ces temps difficiles, que je te possède, que tu restes ma propriété.

Gardée en réserve, remisée dans un tiroir de ma vie, pour les moments où j'en ai besoin, où j'en ai trop envie.

Tu m'appartiens autant que ce pot de confiture de lait, planqué tout au fond du placard de la cuisine.

Bien heureusement je vous possède toutes les deux,

La confiture et toi,

Lorsque me prend une fringale d'amour, une faim de sucré.

*

Elle connaît le mode d'emploi de mon corps (et par conséquent celui de mon esprit) sur le bout de ses doigts agiles.

Ce soir je n'ai pas très envie de m'adonner au sexe, il me faut digérer la grosse portion de butternut avalée au dîner.

Et aussi digérer la tristesse qui recommence à ballonner.

Donc pas de grande velléité de corps à corps dans le lit, 

pourtant lorsqu'elle vient agacer, de sa langue virvoltante, les tissus de ma lèvre supérieure,

je ne m'appartiens déjà plus,

Mon corps frissonne de haut en bas,

Elle m'embrasse dans le cou,

C'est très doux,

Sur mon corps surgit la chair de poule, un peu partout.

Puis, pendant qu'elle caresse de la pulpe des doigts les tétons qu'elle a si bien su dresser,

sa langue pénètre ma bouche, débusquant ma langue à  moi.

Ce soir, j'ai envie de tout, de tout ce dont elle a envie.

Cette femme me contrôle indu-bita-blement.