Du départ au terminus

Proche de l'arrêt de bus,

Venant du bar voisin,

Un homme plutôt jeune, vêtu d'un très vieux pull,

coiffé d'un bonnet taché,

Collé au distributeur automatique (boissons/friandises/papier à cigarette...),

Il fait "wouf wouf" quand quelqu'un passe devant lui,  le bout de trottoir est sa niche, la folie est sa laisse.

Cette piétonne au gros chignon (gris) ne l'entend pas,

Casque (rouge) aux oreilles, elle secoue la tête,

Sur la gauche, vers la droite, en avant toute!

Et chante dans la rue comme si elle voulait la tuer, cette tête.

Dans le bus,

Peu de voyageurs sur la ligne à cette heure,

Le chauffeur siffle,

On dépasse un camion de collecte de déchets alimentaires ("vos épluchures ont la patate") et

Le chauffeur siffle faux une mélodie

Inconnue de moi.

Je sens pourtant bien que cet air là constitue la bande-son absolument parfaite de ce moment ci : le trajet du bus où je suis assis.

La mièvre mélodie,

Dense de réalité,

Rythme les images de vie,

des vies

devinées à travers les fenêtres sur lesquelles viennent couler des traînées de pluie.