15 novembre 2021
De profundis
Je suis un joyeux drille, souvent en visite dans un des nombreux cimetières que la ville recèle.
En ces lieux, il n'est pas rare d'observer une mention portée sur les stèles funéraires, ou les plaques commémoratives, dédiées aux personnes décédées avant d'avoir eu le temps d'être devenues âgées : "mort accidentellement".
La mort semble posséder un statut différent selon l'âge auquel elle vient nous emmener : c'est un accident pour les jeunes, une erreur de planning, un bug survenu quelque part dans le grand ordinateur de la destinée.
Pour les vieux le décès est naturel, sans discussion possible, sans contestation car ils ne sont plus qu'une charge alourdissant le bilan comptable de la société . Dans ce cas, la mort est attendue comme l'addition à la fin d'un repas : il est déplaisant de la payer mais c'est la contrepartie naturelle d'une longue vie passée à se goinfrer.
Ainsi pourrait on lire "Enfin mort" sur la tombe d'un centenaire.
*
L'automne avance, le jour recule, la bruine refroidit mon organisme tandis que je descends la rue de la Glacière.
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