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Une âme effarouchée
25 juin 2022

C'est Elle!

C'est Elle, pas possible autrement, la ressemblance est bien trop forte pour que l'identité soit différente.
Ce piercing barbell en haut de son oreille gauche.
Ces cheveux noirs attachés en queue de cheval, ces traits délicatement délicieux.
La peau pâle, les yeux si tristes et sombres.
Son visage est tourné, par delà la vitre, en direction du quai, lorsque je découvre sa présence dans le wagon du train Intercité qui vient d'arriver à destination.
Son regard semble anxieux et ses yeux rougis comme si des larmes allaient en sortir. Fuit-elle ma vue en se tournant ainsi dans la direction opposée ?
M'a t'elle reconnu et se désespère t'elle d'avoir recroisé ainsi ma route ?
Elle paraît si jeune que je doute quelques secondes de son identité. Pourtant, à 30ans, on lui en donnait 18, il semble donc logique qu'à 36, elle ait l'air d'avoir 25ans?
Son air fragile et sa beauté déclenchent en moi une pulsion très forte : la serrer dans mes bras pour la consoler. Mais de quoi pourrais je bien la consoler ?
Certainement pas des méfaits que je lui ai infligés...
Que peut elle bien faire ici dans ce train? Où va t'elle?
Je refuse d'approfondir ces interrogations sans fin, quand bien même Sylvie est à deux mètres de moi, alors que je l'ai cherchée dans toutes les rues de la ville ces dernières années.
C'est Elle, mon obsession.
Aujourd'hui, la voilà si proche que je pourrais presque sentir son odeur, humer son malheur.
Lorsque les portes du train s'ouvrent, je saisis mon sac de voyage et me dirige vers la sortie.
Les yeux rivés sur le bout de mes chaussures, passant à quelques centimètres de Sylvie qui s'est levée de son siège, je descends du train.
Sans me retourner une seule fois, je dévale le quai à grandes enjambées, puis sort du hall de la gare.
Enfin à l'air libre, mon cerveau peut respirer, et il me revient en mémoire, à ce moment précis, une phrase de Benjamin Constant lue et notée quelques années auparavant : "Je ne puis que vous plaindre de ce qu'avec votre esprit d'indépendance, vous faîtes toujours ce que vous ne voulez pas."
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Commentaires
F
J'ai compris votre volonté de ne pas spoiler, mais ce faisant vous risquez de teaser, en attisant ainsi ma curiosité ! <br /> <br /> Comment pourrais-je ne pas avoir envie de connaître cet épilogue dont vous parlez ? <br /> <br /> Voulez le partager? (Ici ou... ailleurs)
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E
Message non destiné à être mis en ligne : <br /> <br /> cette façon particulière de poser des questions, le fromage, le style rédactionnel aussi... il est possible que nous nous soyons déjà croisés. <br /> <br /> Virtuellement, mais ailleurs.<br /> <br /> Si je dis "hippopotame" et que ça ne vous dit rien, c'est que j'ai fait une erreur... auquel cas désolée, internet est un palais des glaces où les reflets se confondent et les méprises y sont fréquentes (on m'y a souvent pris pour un(e) autre, d'ailleurs)...
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E
Seulement une chanson de l'époque en boucle dans la tête depuis ; il faut dire qu'il y a eu une sorte d'épilogue des années après - mais je ne voudrais pas spoiler ^^<br /> <br /> Cette similitude de vécu, elle m'intrigue et m'amuse, mais je ne sais comment - ni surtout s'il faut - l'interpréter... j'ai beaucoup, beaucoup lu de témoignages, blogs, etc sur internet, et tout de même croisé un certain nombre de vécus plus ou moins de ce type. <br /> <br /> En revanche, il y a un je ne sais quoi dans votre écriture qui s'ajoute. De l'ordre de la perception et de l'interprétation du monde... C'est assez déconcertant.<br /> <br /> (quant à la question du mode obsessionnel : sans doute, sans doute... ^^)
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F
Merci pour ce témoignage.<br /> <br /> J'espère que ce trouble n'a pas remué de souvenirs pénibles en vous. <br /> <br /> C'est intéressant cette (quasi) similitude de nos vécus.<br /> <br /> Comment l'interpréter? <br /> <br /> Que nous sommes deux personnes particulièrement obsessionnelles ... ou bien que vivre ce genre d'expérience, ressentir ces émotions là, n'est finalement pas si rare que ça... <br /> <br /> Je n'en sais trop rien... <br /> <br /> Qu'en pensez vous?
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E
Très troublant.<br /> <br /> Vraiment très troublant : j'ai vécu cette scène il y a... quelques années, déjà... Ce n'était pas "Elle", c'était "Lui". Mon obsession à moi. Pas un jour ne passait sans une pensée pour lui. Ce n'était pas un train, c'était un tramway. Il n'avait pas les yeux rouges, je n'ai pas eu à passer devant lui... Mais pour le reste... !!!<br /> <br /> Et la phrase de Constant, que je ne connaissais pas, elle aurait parfaitement pu s'adresser à moi...<br /> <br /> Tout cela est vraiment, mais vraiment très troublant...
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Une âme effarouchée
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