Asymétrie

Au jardin des plantes, face aux grandes serres tropicales, une journée estivale.

Sur un banc, une femme en robe légère, la tête d'un homme allongé repose sur ses cuisses.

Elle est totalement absorbée dans la contemplation de cet être apparemment très aimé.

Lui a les yeux fermés, ne bouge pas d'un iota, il semble endormi, il semble mort.

Elle caresse les différentes parties du visage de l'homme et, par moments, presse sa peau du bout des doigts comme si elle extrayait délicatement un point noir, corrigeant un léger défaut dans ce visage adoré.

Elle regarde l'homme comme une mère regarde son enfant endormi : attentive, émue, douce, prévenante.

On dirait une Pietà.

Une Pietà qui ne serait pas malheureuse que la créature reposant entre ses bras ne puisse plus bouger.

Lui dort, (mort), ne se rend compte de rien.

Peut-être la femme chérit elle justement ces moments là, ceux où elle peut s'enfouir dans une totale contemplation sans être vu de son aimé.

Sans être jugée démesurément amoureuse.

Sans crainte de lire, dans les prunelles de l'autre, la cruelle asymétrie des sentiments éprouvés.