Jai Guru Deva Om

Elle se sent bien dans ses pompes, marchant au soleil sur les trottoirs bourgeois de la rue de Turenne. 

Pour célébrer son changement de vie, elle troqua il y a peu ses antiques Quechua pour d'éthiques Veja.

L'ombre qu'elle projette sur le trottoir s'est à cette heure rétrécie, devenue plus petite que son corps qui existe dans la "vraie vie".

Elle a hâte de voir le désir - toujours présent - dans les yeux de son homme découvert récemment. 

Il est si beau, ils sont tellement beaux, ils vont boire un spritz puis manger une Pinsa à la truffe.

Nul besoin de dessert, il va la dévorer du regard au restaurant, avant de la déguster au lit dans son grand appartement.

Son potentiel s'est révélé, enfin, et dans sa tête résonne le vieux mantra "Jai Guru Deva, Om".

Voilà, chaque chose est à sa place, il faudrait désormais que plus rien ne bouge.

Cependant, lorsqu'un puzzle est terminé, qu'on vient de poser la dernière pièce et qu'on le contemple dans sa parfaite globalité...que reste t'il d'autre à faire sinon le dé-faire, et en commencer un nouveau ?