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Une âme effarouchée
24 février 2023

S'enkyster

Le verdict du radiologue - "problème à oublier" - me soulage bien sûr mais il est, d'un autre côté, un peu décevant. Il faut bien avouer que la grave maladie aurait offert une légitimité inattaquable à mes douleurs et à mes plaintes.
Je dois donc "oublier" ce problème qui n'en est pas vraiment un. Comme si je n'avais que ça à penser à oublier!
"Dobbiamo pensare tutti quanti
Dobbiamo pensare qua e la"
Qui sait, peut-être que, malade stimulé par le peu de temps me restant à vivre, concentré à condenser toutes mes possibilités, j'aurais pu sans délai offrir un gros morceau de moi au monde (qui n'attend bien sûr que ça). Le temps aurait pressé, à froid, l'huile essentielle de ma personnalité, produisant quelques gouttes dont le parfum aurait pu séduire certains.
Tandis que là, délesté de ce "problème à oublier", avachi face à cet océan d'années supplémentaires, j'économise ma sève, je musarde, je glande à attendre la mort qui n'approche pas à grand pas.
La mort couine, la mort patine, la mort est devenue bien vieille et longue à se déplacer. Il suffirait que je cours pour pouvoir la semer, mais je n'en ai pas envie.
"Aspect dégénératif" :  petit à petit, je dégénère comme mes congénères. Rien de grave là dedans, mais rien de glorieux non plus, ce n'est que le petit début du grand délabrement. 

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Commentaires
W
Ah alors, je n'ai pas le choix. <br /> <br /> Merci pour vos mots.
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O
Je comprends trop bien, pour la nécessité extérieure (le "trop" n'étant pas ici utilisé selon l'usage à la mode chez les jeunes)<br /> <br /> Les choses tues ont la phonétique cruelle, j'espère que ce n'est rien de grave. Prenez soin de vous ; il n'est pas envisageable que je cesse de vous lire avant d'être complètement sénile, ce qui ne devrait pas arriver avant plusieurs décennies.
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W
Comment ne pas prêter attention à notre nombril? Il est au centre de notre corps, bien plus que notre tête. Le problème avec la dégénérescence, c'est que ce n'est pas une maladie qu'on peut combattre de façon "héroïque"; on ne peut que s'adapter (se soumettre) à la dégénérescence. <br /> <br /> Je ne sais pas si on peut me convaincre que cela vaut le coup d'agir, j'ai l'impression de toujours avoir besoin d'une nécessité extérieure qui me pousse à. Pas le choix, plus le temps, il ne reste plus qu'à. <br /> <br /> Tout à l'heure je retourne chez le médecin, avec un autre sujet à aborder, quelque chose tu depuis trop longtemps et qui ces jours ci se manifeste de façon un peu inquiétante. À voir.
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O
Je compatis d'autant mieux que cela me permet de m'apitoyer sur moi (mon nombril est le point central de mon existence) : j'ai en effet ce même problème de trouble dégénératif, ni glamour ni tragique, ni grave ni glorieux, qui n'offre qu'inconforts et douleurs, et dont le nom, imprononçable, ne provoque en plus que doute et perplexité. <br /> <br /> Comment vous motiver à nous distiller l'huile essentielle de votre personnalité ?
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